Pleurs physiologiques du nourrisson et syndrome du bébé secoué (2018)

Connaissances et prévention sur les pleurs physiologiques du nourrisson et le syndrome du bébé secoué : État des lieux auprès des professionnels de santé dans les maternités de Loire-Atlantique et de Vendée (2018) (en collaboration avec Nancy JOUSSEMET , étudiante Sage-femme)

Résumé

Contexte

 

Objectif(s)

L’objectif principal de cette étude était de faire un état des lieux des connaissances des professionnels de maternité sur les pleurs physiologiques du nourrisson et le syndrome du bébé secoué.
Les questionnaires ont été adressés dans les maternités de Loire-Atlantique et de Vendée sur la période du 20 avril 2017 au 1er juillet 2017.

Méthode

 

Résultats

164 réponses ont été obtenues soit un taux de participation de 26%. La distribution des professionnels répondants est la suivante :

  • Sages-femmes 53% (n=87)
  • Puéricultrices/IDE 20% (n=33)
  • Auxiliaires de puériculture/Aides-soignantes (AP/AS) 19% (n=32)
  • Médecins (dont pédiatres) 8% (n=12)
  • 17% (n=28) des répondants travaillent dans une maternité de type 1
  • 45%(n=74) dans un type 2 et 38% (n=62) dans un type 3.

Tous les professionnels déclarent connaitre le syndrome du bébé secoué : 62% déclarent bien le connaitre, 33% moyennement et 7% un peu. Il n’y a pas de grandes disparités entre les différentes professions (médecins, sages-femmes, puéricultrices et infirmières, auxiliaire de puériculture et aides-soignantes).
Principales caractéristiques du syndrome du bébé secoué :
• 86% des professionnels pensent, avec raison, que le SBS est une forme de maltraitance.
• Pour 74% le SBS touche surtout les nourrissons de moins de 6 mois, ce qui est vrai.
• 80% répondent correctement en disant que c’est un acte “infligé” au nouveau-né. Par contre, seulement 18% des professionnels répondent correctement en disant que c’est un acte “volontaire”, provoqué par celui qui secoue le nouveau-né.

Principal facteur déclenchant le SBS : les pleurs étaient cités, à raison, par 64% des professionnels comme étant le principal facteur déclencheur.
Origine du SBS : Tous les professionnels répondent que le SBS peut être consécutif à des secousses infligées par un adulte mais 21% répondent incorrectement qu’il peut aussi être consécutif à des secousses infligées par un enfant de moins de 4 ans. 31% pensent à tort que le jeu peut être à l’origine du SBS. Si l’on propose aux professionnels une liste de facteurs de risques du SBS, l’isolement social (89%) ; un antécédent de violence dans le couple, la famille ou l’enfance (62%), les familles monoparentales (61%), les jeunes parents (58%) et le 1er enfant du couple (52%) sont les facteurs les plus cités.
Les facteurs de risques démontrés les moins cités : précarité (24%), les jumeaux (37%) et la prématurité (24%).
À la question “les secouements peuvent-ils entraîner le décès de l’enfant ?”
• 97% répondent, avec raison, oui.

À la question “le secouement est-il une infraction pénale ?”
• 26% disent qu’ils ne savent pas.
• 72% répondent de manière correcte en disant oui.

Quels “messages” sur les caractéristiques des pleurs connaissez-vous et donnez-vous aux parents ?
• 93% des professionnels savent et disent que les pleurs sont plus fréquents en fin de journée et le soir, et qu’ils peuvent excéder les parents.
• 70% savent et disent que les pleurs peuvent être inconsolables, même si l’enfant va bien.
• Seulement 21% des professionnels citent le pic des pleurs, qui se situe à environ 2/3 mois de vie (pour décroitre ensuite).
• 19% connaissent la durée “normale” des pleurs sur une journée, en fonction de l’âge du nouveau-né.
• D’une manière générale, 74% des professionnels effectuent une information aux parents sur les pleurs du nourrisson : 27% systématiquement et 47% souvent.
• 14% l’effectuent de manière ciblée et 3% ne l’effectuent jamais.
• Si l’on détaille par profession, l’information sur les pleurs est systématiquement effectuée par 49% des puéricultrices /IDE interrogées, 23% des sages-femmes, 17% des médecins et 16% des auxiliaires de puéricultures et aides-soignantes.

48% des professionnels effectuent une prévention auprès des parents sur le risque de secousses (19% systématiquement et 29% souvent). Mais 52% des répondants effectuent peu ou pas du tout cette prévention.
En détaillant par profession, la prévention du SBS est effectuée systématiquement par 49% des puéricultrices/IDE, 17% des médecins, 15% des sages-femmes et 4% des AP/AS.
Les difficultés éprouvées dans la prévention par les professionnels de santé de maternité.
18% des professionnels ont répondu qu’aborder le syndrome du bébé secoué était “très difficile” ou “difficile” et 47% ont répondu “ça dépend des patients”. 35% estimaient de pas avoir de difficultés à aborder ce sujet avec les parents.
Les difficultés citées par les professionnels, pour effectuer cette prévention, sont :
• Le manque de support pour appuyer leur prévention (45%).
• Le manque de temps (29%).
• Le manque de connaissances (24%). La peur de la réaction des parents est aussi un facteur mentionné par 21% des professionnels. La peur de la stigmatisation est très présente.
67% des professionnels disent ne pas utiliser de support pour effectuer cette prévention. Lorsqu’ils utilisent un support, 17% utilisent une plaquette d’information, 13% l’affichage et 12% le carnet de santé.

Comment améliorer la prévention du SBS ?
Parmi les éléments cités par les professionnels (question ouverte) :
• Diffusion de documents d’information (plaquettes intégrant la courbe des pleurs, thermomètre de la colère).
• Actualisation du carnet de santé.
• Réunions d’information organisées en maternité, à destination des parents.
81% des professionnels souhaitent bénéficier d’une formation complémentaire sur les pleurs et le syndrome du bébé secoué pour pouvoir communiquer efficacement et de manière préventive auprès des parents et trouver les bons mots afin de faire passer le message “sans stigmatiser” : “Si l’enfant pleure et que vous n’en pouvez plus, le mieux est de coucher l’enfant sur le dos dans son lit, de quitter la pièce, puis de demander de l’aide”. Il n’est pas dangereux pour un enfant de pleurer dans son lit alors qu’il peut être dangereux d’être dans les bras d’un adulte exaspéré.

Conclusion

Liens et documents

 

Partager cette page sur :